12 juin 2012

un parricide & réciproque

le dernier message




tenir fermement le crayon d'une main
un bras vigoureux est recommandé
prendre un peu de distance avec la cible
(éventuellement, se poser quelques vaines questions )

planter d'un geste définitif
la mine dans l'ouvrage,
respirer, penser à autre chose.

Ainsi il en est fait de Les Jours

la suite, non, l'ensuite, autre chose
sur Autredi

merci
b.

4 mai 2012

cordes & quelques ombres


elle me disait, elle disait...
d'elle deux trois choses je crois

souvent mes yeux
tendus hauts dessus

mes fantômes accueillent
un des leurs



copie de lumière
un total musical fait silence

voilà un horizon il faudra
choisir avec la main caresses

d'un côté comme de l'autre
cela s'appelle revenir




un soir bientôt
nous avons fait l'amour de loin

elle dormait
un voile tendait l'espace

s'efface-t-il mais cette chaleur
je dors j'oublie



quand je serai grand
disait l'enfant

j'ai pas mal 
de temps en retard

au matin j'espérais
un nouveau regard

30 mars 2012

Ecrire, empiler, suivre sa respiration

[ écritures automatiques ]


1-

sur la chaise du bout du monde
toute la nuit sa femme abandonnée a pleuré
il avait osé le soir hurler comme les fous ni l’or des chrisantèmes ni des je t’aime

ne peuvent racheter
Tu fais trop de bruit crétin
le monde a besoin de silen...

j’ai vu le bruit des sabots qui traînent le matin à dos d’homme
comme en plein jour dans les murs noirs des miroirs les étoiles La porte entrebaillée
ils tapaient sur les bidons avec des trompettes

sous la chaise au bout du monde
il n’y a rien
mon oeil laissé sur l’oreiller me regarde sans deviner

avec le coeur Ils parlent Ils frappent comme c’est bon Ils rient
de se croire aimés
le monde a besoin de monde pour exister Mais je n’entends plus ce qu’elle me dit

sa bouche recousue saigne les mots dans un vers
sans rime sans raison
nous diminuons l’un pour l’autre

avec nos bras dénoués de carnaval
on va se perdre - C’est écrit radote le fataliste Mais quand j’y pense
la chute sans fin doit un jour finir




2-

Pourquoi mes nuits sont-elles une vitrine sans
corps avec tout ce monde qui passe qui m’em-
brasse L’autre folle de psychologue m’a
dit qu’il me fallait plus d’admiration La
momie de Narcisse n’a plus d’o-
deur pourtant j’ai vomi Le bol des pytho-
nisses est à laver C’est une catas-
trophe comme il arrive sans cesse

Ce n'est presque rien
& je ris
& je ris
& je ris
la voisine se plaint

Maintenant dans son regard courroucé l’arc-en-ciel
trace des fleurs de curare dans ses courbes Elle
délaisse sa colère
devant ma porte
& froide & le feu
renonce Je peux

elle est venue toute nue
- hésitation Je n’ai pas vu
combien j’avais rougis - Qu’as-tu ?

- J’ai trop chaud Elle m’entoure de ses bras nous ir-
ons au cinéma & demain sera pour une fois un autre jour






[ entre l'art de la fugue & ligne de fuite Paroles il y aura
sons syntaxe & rythmes syncopes & torture du verbe
le verbe ne crie pas il crée ]

12 mars 2012

Cantique d'une malheureuse



tu étais beau j'étais belle
Salomon est parti
tu es beau sans moi
& je fais peur



avant il y avait le soleil
& le miel coulait en nous
ces rivières ont pris l'or des noces
pour couler le plomb



même nos silences embrassés
étaient musique
il n'y aura plus chants ni cris
le regard s'est vidé de nous



je demande au ciel parfois
je regarde mon ventre déchiré
j'attends un autre jour
un jour qui ne vient jamais



Salomon est parti a vécu aimé est mort
pour toujours
Je suis allée de port en port
maintenant que je n'attends plus
je reste là





9 mars 2012

presque rien

le rien est quelque chose d'autre

aussi loin que je regarde, on peut s'attendre à tout
quelle est cette poussière qui fond entre mes doigts
elle garde trace du vent des pas des pluies & puis
s'efface dans une boue grisâtre

sont-ils tous ainsi les souvenirs ?

j'en ai quelques de visages grimaçant
tellement ils riaient, viraient au rouge, s'étouffaient
retrouvaient l'air juste avant mourir
il s'en fallait de rien pour ne plus rire du tout

le rien ne ressemble à rien


9 janv. 2012

y aller

vers 4 heures ce matin


les yeux, les gestes sont lents, il n'y a au début aucune excitation
le corps a froid d'être trop brutalement poussé hors du lit

la valise avait été bouclée hier soir,
puis après, un dîner sur le pouce pour être couché de bonne heure


 nous arrivons à l'aéroport  peu après 5 heures
ce sont nos dernières minutes en famille pour les trois prochaines semaines

là-bas - je dis là-bas car le lieu est encore vague
elle va mener le travail & la quête d'un logement
tandis que nous - les garçons - continuerons qui d'aller à l'école, qui de boucler le déménagement


les au-revoir n'auront pas duré très longtemps
une subtile tristesse nous tiendra des jours & des jours

déjà, une part du chemin avait été faite ces derniers jours
chacun préoccupés de nos impératifs alors que nous étions encore ensembles


le regard en dit long, la main du photographe a tremblé aussi
l'enfant rêve de voyage


2 janv. 2012

Un pour tous ! Tous pour un !

"il est vrai que les paroles dont le présent avait été accompagné n'avaient pas de prix" 
 Alexandre DUMAS - Les Trois Mousquetaires, chapitre Ier



je n'ai pas les dates en tête
c'est plus de dix ans assurément
nos trois couples qui se sont rencontrés
en musique
nous étions six il y en avait d'autres aussi
mais qui ne sont plus aujourd'hui qu'en souvenirs

nous six seulement onze maintenant
il y a les Basques
il y a les Ligériens
il y a nous trois
il y en a du kilomètre des uns aux autres
mais peut-être n'ont-ils jamais été aussi proches
ces onze-là

cette année
la saveur était toute particulière
entre les cartons & les sacs poubelles
l'ordre & le désordre
il y a nous trois en plein déménagement
dans quelques trente jours nous aurons ajouté
mille sept cents kilomètres entre nous
& plus que jamais
je crois
Basques, Ligériens & Hambourgeois
seront réunis