30 mars 2012

Ecrire, empiler, suivre sa respiration

[ écritures automatiques ]


1-

sur la chaise du bout du monde
toute la nuit sa femme abandonnée a pleuré
il avait osé le soir hurler comme les fous ni l’or des chrisantèmes ni des je t’aime

ne peuvent racheter
Tu fais trop de bruit crétin
le monde a besoin de silen...

j’ai vu le bruit des sabots qui traînent le matin à dos d’homme
comme en plein jour dans les murs noirs des miroirs les étoiles La porte entrebaillée
ils tapaient sur les bidons avec des trompettes

sous la chaise au bout du monde
il n’y a rien
mon oeil laissé sur l’oreiller me regarde sans deviner

avec le coeur Ils parlent Ils frappent comme c’est bon Ils rient
de se croire aimés
le monde a besoin de monde pour exister Mais je n’entends plus ce qu’elle me dit

sa bouche recousue saigne les mots dans un vers
sans rime sans raison
nous diminuons l’un pour l’autre

avec nos bras dénoués de carnaval
on va se perdre - C’est écrit radote le fataliste Mais quand j’y pense
la chute sans fin doit un jour finir




2-

Pourquoi mes nuits sont-elles une vitrine sans
corps avec tout ce monde qui passe qui m’em-
brasse L’autre folle de psychologue m’a
dit qu’il me fallait plus d’admiration La
momie de Narcisse n’a plus d’o-
deur pourtant j’ai vomi Le bol des pytho-
nisses est à laver C’est une catas-
trophe comme il arrive sans cesse

Ce n'est presque rien
& je ris
& je ris
& je ris
la voisine se plaint

Maintenant dans son regard courroucé l’arc-en-ciel
trace des fleurs de curare dans ses courbes Elle
délaisse sa colère
devant ma porte
& froide & le feu
renonce Je peux

elle est venue toute nue
- hésitation Je n’ai pas vu
combien j’avais rougis - Qu’as-tu ?

- J’ai trop chaud Elle m’entoure de ses bras nous ir-
ons au cinéma & demain sera pour une fois un autre jour






[ entre l'art de la fugue & ligne de fuite Paroles il y aura
sons syntaxe & rythmes syncopes & torture du verbe
le verbe ne crie pas il crée ]

12 mars 2012

Cantique d'une malheureuse



tu étais beau j'étais belle
Salomon est parti
tu es beau sans moi
& je fais peur



avant il y avait le soleil
& le miel coulait en nous
ces rivières ont pris l'or des noces
pour couler le plomb



même nos silences embrassés
étaient musique
il n'y aura plus chants ni cris
le regard s'est vidé de nous



je demande au ciel parfois
je regarde mon ventre déchiré
j'attends un autre jour
un jour qui ne vient jamais



Salomon est parti a vécu aimé est mort
pour toujours
Je suis allée de port en port
maintenant que je n'attends plus
je reste là





9 mars 2012

presque rien

le rien est quelque chose d'autre

aussi loin que je regarde, on peut s'attendre à tout
quelle est cette poussière qui fond entre mes doigts
elle garde trace du vent des pas des pluies & puis
s'efface dans une boue grisâtre

sont-ils tous ainsi les souvenirs ?

j'en ai quelques de visages grimaçant
tellement ils riaient, viraient au rouge, s'étouffaient
retrouvaient l'air juste avant mourir
il s'en fallait de rien pour ne plus rire du tout

le rien ne ressemble à rien