29 sept. 2011

la Terreur

au silence
le bruit de lumière

j'enlevais la couleur d'automne
est-elle d'or
est-elle de sang ? Parce que la Règle disait
pauvre & humain

il y eut trop d'or & de sang



trop encore

des lames d'acier horizontales
n'ont pas empêché le cloître de s'élever
il commence à faire froid
dehors froid & infiniment seul



j'ai vu d'abord le passage au fond
il y avait en face de moi une chapelle déserte
les bancs en éventail ventilaient une vaine foi
malgré tout, imaginez ma peine
de tant de pierres empilées
tout ça pour ça me disais-je
& la description est si précise ainsi

au silence
le bruit de lumière




la nuit d'avant me revenait devant les yeux
je n'avais pas beaucoup dormi
parqué dans l'impasse avec les autres

quelques colères quelques uns qui s'endorment par terre
il y avait un barrage & des lumières bleues
j'ai attendu distillant ma dernière clope
que ce soit mon tour
d'avouer 



la règle est une clôture
la discipline le fouet

quel coeur a quelles mains
pour bâtir ainsi ? Ils ont forcé les verrous
& la porte baille depuis des siècles
ils sont tous partis les frères
goûter l'or & le sang


au silence
le bruit de lumière




ce matin
un autre attendait
on ne s'est pas salués
c'est ainsi quand on est seul


au Cloître des Jacobins
Toulouse  (F-31)

Villa Lobos





ces pas derrière ? elle danse ? en pleine rue ?

l'eau s'écoule
puant silence charriant la nuit dernière

chaque jour je rêve

elle est vulgairement habillée de rouge
& froufrous je n'entends pas la plainte du bandonéon
mais ce rythme
qui s'abandonne & reprend
glisse autour de mon cou sa corde & claque le talon

déhanché
elle jette en arrière la tête

chevelure sa gorge
tout y est les mains écartelées les paumes
tournées vers moi

il n'y avait personne, n'est-ce pas ?

je vous le demande
je suis comme ces enfants
qui savent encore voir & entendre ce qui n' existe pas


à Toulouse  (F-31)


28 sept. 2011

*






le téléphone a sonné si longtemps
puis il s'est tu en plein silence

l'ombre a la couleur d'une fleur

21 sept. 2011

une ligne (2)





le ciel est bleu
bien bleu & ainsi laid
il faut apprendre
les mots & les dire avec lenteur



je reproche aujourd'hui
qu'il faille aller
vite



on voit où finissent les labyrinthes



les murs éventrés
l'autobiographie & des poussières
dans tout le quartier



ils avaient mis dans les sacs poubelle
la plupart des jouets
quelques fils électriques & l'écho de vaines interdictions
résonnent dans le vide



la question n'est pas là
noyée elle aussi dans le sac mou



nous tirons des traits
sur des traits

le château vacille mais il fera bien comme
le temps de faire illusion



tout
ce qui disparaît là recommencera

le couloir























on appelle cela le couloir de la mort
définitive poésie

bien sûr qu'il y a des coupables

il faut aussi des innocents

le sang des uns
habille la vertu des autres







6 ans

 20h passées


j'ai sorti le gâteau, planté les bougies. un gros paquet posé dessous.
du rire, de la joie
il se grandit, se gonfle




il souffle. des six, deux bougies résisteront
il nous embrasse l'odeur de paraffine s'efface




(mémoire)















19/20 septembre 2005
(HP5 +, iso 1600)



20 sept. 2011

César

c'est un voisin
c'est un ami
c'est un coeur d'or



10 jours qu'il n'a plus vu ses chats
que je nourris matins & soirs
ils avaient peur les premiers jours
maintenant ils m'attendent & se faufilent entre mes jambes

10 jours là-bas
au deuxième étage une fenêtre qui donne sur un terrain vague
où même l'herbe s'abstient de pousser

la longueur du temps devient autre j'imagine




le sourire qui s'efface en silence
mais on parle, on rit ensemble bruyamment
cela conjure les craintes

mes amitiés


19 sept. 2011

une ligne





son dernier mot restera un mystère
une ligne
en travers de la gorge la route tournait
une ligne sans jambage, petit pont ou autre courbe

ennuyeuse d'horizon
qu'il a franchi a-t-il crié ? il n'y eut personne
pour...

lui n'entendra plus qui appelle

15 sept. 2011

l'autre rive





- les prières & les rêves

ne reviennent jamais
vont vers le ciel
n'y arrivent jamais

- dites-moi combien encore aller


la pluie tombe
puis remonte
& la pluie retombe

- songe aux larmes qui n'assouvissent pas


la solitude envahit le sommeil
les corps les cris aussi
il est impossible de vivre

- les morts n'ont d'autres rêves que les vivants



14 sept. 2011

un mystère

[il y a chez vous, me disait quelqu'un, genre huissier de morale ou du bon genre, vous avec la chair, une sorte du fer & sa rouille & vous ne saurez jamais le repos
il ne m'aimait pas beaucoup
j'allais oublier tout cela
quand ]

sculpture  éphémère
du 14 septembre 2011

je voyais
dans la fente du fruit

non

pas moindre savoir
il n'y avait rien à lire
j'ai tourné la tête


dégradation temporelle
Livre empalé, mai 2010
plein air

le livre était toujours
sur son vieux clou
il avait depuis des mois
perdu
tout son sang

je ne pouvais croire
tout ce qui y était écrit
moi aussi j'ai menti


 sculpture éphémère... 

au bout de la clef
un anneau
avec beaucoup de clefs

ma femme
ne m'avouera jamais
la simple vérité


12 sept. 2011

mièvre

samedi soir

la nuit parfois les fleurs
se cueillent avec la bouche
je n'en sais rien du coeur
mais pourtant on se couche




par un matin comme aujourd'hui
quand la tête fait encore bien souffrir
je ne peux m'empêcher de sourire
quand je pense à lui

10 sept. 2011

la valise


ce soir elle n'est pas là


elle me parlait souvent de livres
ceux qu'elle lit
ceux qu'elle a aimé
ceux qu'elle ne finit pas
d'autres qu'elle aimerait lire
ou n'avoir jamais ouverts


il y a sur le lit cette valise au couvercle rabattu sans fermoir



c'est un message muet
ces vieilles roses déchues
ont pourtant bien à dire
pourquoi les avoir tant gardé
& me les abandonner ?



 j''aime cette lumière ou bien est-ce de la poussière ?