31 août 2011

les bêtes (2)

(le miroir de lumière)
les mêmes



souvenirs d'une autobiographie
Rousseau surtout
& son pacte
d' homme en vérité dans sa nature etc.que je ne peux concevoir
sans le discours sur l'origine & les fondements de l'inégalité parmi les hommes





que les fruits sont à tous, & que la terre n'est à personne
il est beau dans sa vaine
colère il me perd
entre sa puissance
& ses gestes d'un homme seulement




l'autre nuit
un corps de méduse
l'autre matin
un pieux dans mon ventre
je suis la même
dont les cris
modulent toutes sortes de contraires




enfin
j'avais les yeux clos
plus de raison d'espérer ni de craindre
la racine
avait maintenant
le tronc les jambes les bras
tout ça dans l'eau le silence
& cette forme de solitude
qui est avenir & se vit




il regarde
d'autres femmes depuis qu'il ne me voit plus
il laboure
ne pense plus aux fleurs
comment se fait-il de si vains
mensonges 




je m'échappe
il me manque


30 août 2011

les bêtes (1)

pour MU LM






ce qu'il regardait
des heures avant moi
il aurait peur ? cachera sa tête entre les jambes
des arbres
sait-il encore pleurer ?




[ contexte alors vint d'où la terre est une ligne courbe & infinie un enfant de ciel au caractère brutal ]




après la pluie
l'animal me regarde
le ciel bandé comme un arc
n'a pas fini
tu penses encore à lui ?





la question s'arrête avant même
ce silence insensé tient encore bon
entre la bête & l'homme
non tu ne diras pas non
quand le ciel s'endormira
ce sera la bête




au bruit de ses pas dans l'escalier
des mains dans les feuilles & tes seins
& d'autres espoirs
celui d'herbe mastiquée
des pétales de fleurs & des robes
de papillons
& d'autres mots
de lit, de cuisine, de la vie
etc.






intemporel

les pionniers photographes -
fin XIXè début XXè ils parcouraient les montagnes, les campagnes, les déserts, chargés d'une chambre noire, des plaques de verre, des produits chimiques...

mon matériel est léger, trop léger. Alors fort de l'imperfection, quelques photos souvenir, souvenirs d'un autre temps


















août 2011
Pyrénées Atlantiques (F-64)

pluviôse



On croyait
avant ou après
dans cet autre temps définitif
qu'il en serait autrement.

J'ai fait l'expérience, changé
mais
au lieu de temps
pour
un temps de lieu

La pluie n'a plu
ce goût de l'ennui
& l'ennui, en d'autres circonstances
toujours ce goût à rien

Derrière les murs ? un jardin
de volupté & l'océan
d'encre noire qui enfante pour
de nouveaux fruits d'autres vers




l'aura




aura  n.f. (lat. souffle) : Sorte de halo enveloppant le corps, visible aux seuls initiés [Larousse]




sans nuage la terre est une femme nue

sans mystère du corps
rend impossible le désir

les animaux n'aiment qu'en saison


29 août 2011

*




touristiquement vôtre

en route















les frontières
se passent sans lever le pied
d'autres droits
d'autres interdits

temps frais & nuageux
encore 250 km & quelques jours

exodus


la route des vacances ?

une sortie en quelques sortes, on ferme la porte
de la maison & des jours comme tous les jours

l'envie d'un temps-mort


j'écoute cette musique
dis-moi que la vie renaît sans-cesse 


par cet abandon
m'apparaissent de nouveaux horizons
pas si éloignés


inaccessibles encore

Ford/Canon, en route

12 août 2011

un papillon sur la route



c'est le jour du départ

levé de bonne heure, il fait un peu frais encore
& le temps promet d'être radieux

je n'ai rien préparé
cela va de soi, si, j'emporte Les Métamorphoses
voler et il adapte à ses épaules des ailes jusqu'alors inconnues (VIII,209)




je regarde le ciel,
la lumière devrais-je dire
je cherche quelque chose qui n'y est pas

je vous enverrai ces trois cartes postales


RECTO
VERSO
Vendredi
Nous avons passé le Rhin, il faisait presque nuit
les raccords en béton de l'autobahn rythment le trajet.
Ils dorment, il y a neuf heures que je roule, encore 250 km.
Le pinceau des phares
déborde maintenant la petite route, je devine parfois
une ferme à quelques mètres dans l'ombre, la musique en sourdine
non-stop depuis le départ, , concerto n°23 de Mozart.

je vous embrasse
b.


RECTO

VERSO
Mercredi
L'enfant a eu un cauchemar cette nuit. Un feu
d'artifice
lui traversait les yeux à grand bruit, je ne sais
si ce sont les détonations ou les lumières qui l'ont
le plus effrayé. Il s'est rendormi
je n'ai pas pu. La mémoire & l'imagination mélangeaient
mes années de fac à la vie d' Hölderlin, était-il vraiment fou ce fou ?
Je l'étais en ce temps plus que lui
d'avoir cru ce que j'apprenais, pour preuve j'ai renoncé depuis
à la poésie, à la musique,
j'ai renoncé à la nécessité pour croire l'espoir.
Il faudra dormir la nuit prochaine...

je vous embrasse
b.



RECTO

VERSO
Jeudi
Le monastère de O* est gigantesque
On le dit chef-d'oeuvre du Baroque j' y ai vu
l'exubérance, mais aussi cette dérision masquée au premier regard.
Le principe de vanité organise les pierres
guide le ciseau du sculpteur.
Pourquoi ce monde prolifère ?
Dans le poulailler
une carcasse de voiture.
Le réel rivalise d'invention, il est 19 heures. Le carillon
est une passerelle


à bientôt
Je vous embrasse
b.



11 août 2011

13 : 13

Une araignée tissait sa toile dans un coin de la pièce, suspendue à son fil.
"Bientôt, j'apprendrai à filer, à tisser"
[in Le Coeur Cousu (p.46), Gallimard (2007), Carole MARTINEZ ]



Le noeud coulant a deux visages
deux grimaces
Que fait-il sur le miroir de
la salle de bain ?
Elle a crié elle a eu peur
J'arrive en courant il y a du sang
dans la baignoire
quelque chose bouge encore
J'entends
le discret frottement
d'une corde
dont les gestes vont lentement
de plus en plus
Bientôt elle sera
immobile
& cette fille aussi
qui avait fini de m'aimer
Tu ne m'as pas dit au-revoir,
pourquoi?



9 août 2011

situations




Alban est une petite commune du Tarn (F-81) dont les habitants sont appelés Albanais.
Les Albanais - tout le monde le sait - habitent en Albanie.

le monde est compliqué

dans l'atelier de M.* (2)


avec le sang
la fille
est femme

l'homme n'a pas le sang




 je regarde longtemps
ces toiles
derrière il y a un mur
transparent




 (une odeur
de poussière
un flacon ouvert
au fond craquelé )




les voiles
lassées des océans
se laissent
clouer sur d'étranges châssis




 sans doute
ne verront-elle jamais
plus d' horizon




 elles me donnent
l' ailleurs de nouvelles planètes
elles me donnent
du bleu de toutes les couleurs
elles me donnent
l' incolore arc-en-ciel
elles me donnent




l'épaisseur du monde
est celle que je peux


il m'a dit
- "c'est comme un reportage,
mais il faut du document soustraire tout le documentaire
& laisser le poétique..."

de la corruption





je peux dire :
je peux dire :

constat :
   le fruit se corrompt
   les lettres semblent insensibles à cette forme de corruption
   le verre est en sueur ( température ambiante 19°C )

ironies sucrées
   les lettres survivent aux choses
   les choses n'ont pas le courage de durer éternellement
   l'agonie est-elle un prolongement ou un raccourci ?
   le symbole n'est pas un fruit

conclusion :
   - Vous m'en mettrez deux kilos, s'il vous plait ?



je m'en vais
le marchand crie
les gendarmes me sifflent, me courent après
m'arrêtent
la prison n'est pas de verre, des grillages laissent passer de l'air & des bruits presque inutiles, du moins pendant les premières semaines
j'ai été condamné pour un vol de pomme

le savoir a un prix
je ne savais pas


8 août 2011

un village français





j'aime la nuit
non pour dormir
j'aime la nuit
regarder
écouter

oser
mon intime silence

la nuit
demande s'il faut
aux jours promettre de nouveaux
lendemains

croire
que rien n'est fait

mais c'est commencé
déjà
il est tard
il n'est pas trop tard


dans l'atelier de M.*



samedi matin,il doit être 7h30
la lumière est douce & nuageuse
je suis seul


il y a l'atelier
il y a la galerie
un escalier des échelles
des couleur, de la couleur beaucoup de couleur
je ne vois rien


un rythme ou une danse
ai-je les pieds sur le sol en ciment
suis-je dans un rêve
qui est là ? une mélodie échappe à mon silence
je suis seul



les tâches
les traits
ils me regardent comme des milliers de visages


à la fenêtre
un bruit d'ailes qui s'éloignent
un monde apparaît
il est trop tôt pour y croire