29 avr. 2011

vanités




coule l'encre


lignes de vivre


usage de la main


la marche & le repos


le pied nu



la capsule



attendre le froid


l'écorchure


empilement du poids de l'homme


la cendre


 nos écritures
incertain temps restent
qu'emporte
le vent ?  sous la poussière
rouge braise
le geste s'immobilise impossible
à oublier





qu'ai-je appris des ivresses ?
sinon quand elles cessent
je n'en peux plus de vivre
je me laisse
encore quelques livres
quelques bières & mon tabac

le corps s'écrit
le temps efface
l'un l'autre unis
l'instant d'une vie


permanence du fragile









la fleur que je ne suis pas
brille avant la pluie

dans un an reviendra-t-elle ?

quelques minuscules (2)

















au jardin

27 avr. 2011

Quatrains

Omar Khayyam





LXXIX

Du vin ! Du vin, en torrent ! Qu’il bondisse dans mes veines ! Qu’il bouillonne dans ma tête ! Des coupes... Ne parle plus ! Tout n’est que mensonge. Des coupes... Vite ! J’ai déjà vieilli...



CXXI

Les étoiles laissent tomber leurs pétales d’or. Je me demande pourquoi mon jardin n’en est pas déjà tapissé. Comme le ciel répand ses fleurs sur la terre, je verse dans ma coupe noire du vin rose.



XCII

Conviction et doute, erreur et vérité, ne sont que des mots aussi vides qu’une bulle d’air. Irisée ou terne, cette bulle est l’image de ta vie.



CVI

Il te versera sa chaleur. Il te délivrera des neiges du passé et des brumes de l’avenir. Il t’inondera de lumière. Il brisera tes chaînes de prisonnier.



XCV

Je n’ai pas demandé de vivre. Je m’efforce d’accueillir sans étonnement et sans colère tout ce que la vie m’apporte. Je partirai sans avoir questionné personne sur mon étrange séjour sur cette terre.



LXXXIX

Aspirer ici-bas à la paix: folie. Croire au repos éternel: folie. Après ta mort, ton sommeil sera bref, et tu renaîtras, dans une touffe d’herbe qui sera piétinée ou dans une fleur que le soleil flétrira.



Traduit du Persan par Franz Toussaint
1924 

25 avr. 2011

aquarelles












au jardin...

la vie de Thalès...

...aujourd'hui
le Théétète (173e-174a), Platon










regardait-il l'espace
ou voyait-il le temps ?

aujourd'hui, les puits sont condamnés
(& l'eau)
mais d'autres périls nous peuvent assommer
(& le bruit)


de l'intuition...

 ... comme philosophie du silence
(ce qui ne se peut doit être)



regarder les flammes sans feu



d'un coup d'oeil comprends l'origine & la fin



le vent est en silence quand rien ne le touche, écoute



que cesse l'ivraie l'ennui du blé gâte le goût du pain

de l'exubère

& autres abondances









je pensais la couleur
parfois une lumière trouait le feuillage
une fuite de pas
& le silence

je sais que l'ordre n'est pas celui que l'on croit


21 avr. 2011

la Voix Off (1)


une pièce en 5 mouvements pour clarinette

1 - Largo




premières hésitations




ce que ne peut deviner l'oreille




parfois touche & donne la main





avant le jour




 il suffit d'une griffe
dorée de caresse




la solitude a goût du sel
blanchie sur les doigts




laisse aux jours humains
la chance  de recommencer




au bruit du vent la nuit




les branches d'une croix
s'agitent comme l'ignorent
les arbres


Clarinette Buffet-Crampon RC
année  1983