4 févr. 2011

ces jours d'habitude



il est allé acheter son tabac, il ne reviendra pas elle tourne le dos à la fenêtre, le silence est plus émouvant que ses mots
elle me sert du thé il fait froid dans cette maison, un bruit de mouche
coupe court aux idées elle continue plusieurs minutes après il a tout laissé
même son nom sur la boîte à lettres sourit, hausse les épaules pointue en coin avec ses lèvres
de l'amertume peut-être ? le facteur n'avait jamais rien pour lui elle parle au passé déjà
alors qu'une heure avant il était dans la cuisine Je me demande s'il s'écrira
mais il ne sera plus là pour lire je n'ose pas sourire
c'est comme la vie
on voudrait toujours être là & ailleurs au même moment elle n'en parlera plus












tout cela n'a pris que quelques minutes

drôle de certitude je me demande si ce n'est pas elle qui est partie

restée là sans bouger

sans chercher sans retenir, pleurer, crier

on n'est pas au théâtre

ces mots qu'on m'a déjà balancés en pleine gueule

m'accusant de lâcheté parce que je ne m'opposais pas au cours des choses

au cours des choses





sur la table en verre le reflet de son chapeau

la fenêtre le ciel ces choses beaucoup moins certaines que dans nos yeux

ces choses qui n'ont sans doute aucune nécessité ni d'autre manière d'être là

mon imagination se débride

quand on dit que le temps s'arrête c'est pourtant là qu'on en trouve la trace

encore fraîche de poussière & de saletés

elle ne lavera plus les vitres de la cuisines la maison ressemblera à un poisson mort

qui ne veut plus voir sinon quelques silhouettes un peu d'espoir malgré tout ?

la petite route

trop bien dessinée ne peut rien promettre

il faut tricher















elle rince les tasses

de la buée grimpe aux carreaux

les bruits remplacent la parole

sans se faire remarquer

le silence efface les bruits je ne la juge pas

je ne compatis pas & j'ai le coeur morne

le sentiment des choses graves

elle ne fait rien

ce visage là-bas est-ce moi

qui m'efface lui qui revient encore

elle serait affligée d'être offerte à pareille trahison

heureusement il n'y a pas de visage

un arbre un peu de ciel gris des jours

comme ça dont procèdent nos fantômes















elle revient bientôt

cherche ses clefs tourne en rond comme tous les matins

des larmes coulent à l'intérieur de ses joues

impossibles à sécher

elle rejoue les gestes de tous les jours

la vie la sienne

à peine le menton qui tremble

elle enroule son écharpe & s'en va travailler

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